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Malgré des années de lutte, le cancer reste, aujourd’hui, l'une des principales causes de décès au Luxembourg. Au global, environ un tiers des décès sont causés par le cancer. La lutte contre la maladie continue dès lors encore et toujours. Par son action quotidienne, la Fondation Cancer s’engage à mettre fin au tabou du cancer et à améliorer la vie des malades en investissant notamment dans la recherche, en fournissant un soutien financier et psychologique aux personnes touchées et à leurs proches mais aussi en organisant des campagnes d’information et de sensibilisation touchant à des thématiques diverses.

Cette année à nouveau, la Banque Raiffeisen participera au Relais pour la Vie et lancera également une campagne de solidarité et de levée de fonds à son siège de Leudelange. Petite particularité cette année puisque la Fondation Cancer fêtera en 2019 ses 25 ans d’existence.

Raison pour laquelle nous nous sommes permis d’inviter Mme Lucienne Thommes, Directrice de la Fondation Cancer pour une entrevue en toute confidence.

Pourquoi la Fondation Cancer a-t-elle été créée et quel est son objectif ?

« Notre objectif principal est que de moins en moins de personnes au Luxembourg souffrent du cancer et en meurent. Qui plus est, nous souhaitons améliorer au maximum la qualité de vie des personnes atteintes par la maladie. C’est pour cette raison que nos activités sont divisées en trois tâches principales :

1. Informer : nous voulons sensibiliser le public à la problématique et l’aider à réduire son risque d’être touché par la maladie par exemple, au moyen de campagnes d’information. Nous souhaitons également fournir aux personnes concernées les informations dont elles ont besoin (informations sur les médicaments et leurs effets secondaires, etc.).

2. Aide : Nous avons 4 psycho-oncologues et une infirmière qui s’occupent des soins psychologiques des personnes touchées et de leurs proches. L'objectif est que ces personnes puissent apprendre à gérer leur maladie et la situation en général après l’annonce du diagnostic. Nous aidons également les patients rencontrant  des problèmes pratico-pratiques, c’est-à-dire quand une personne a des difficultés avec l'assurance maladie ou a besoin d'une perruque. Nous sommes également à leurs côtés pour les questions d'ordre financier. 

3. Recherche : La recherche contre le cancer est également une thématique nous tenant particulièrement à cœur. Depuis notre création, nous avons investi plus de 12 millions d'euros dans la recherche. Cela inclut à la fois la recherche ici au Luxembourg mais également le soutien financier de scientifiques luxembourgeois à l'étranger. A titre d’exemple, nous finançons actuellement les bourses de 3 chercheurs postdoctoraux spécialisés en recherche clinique. »

Et si j’ai envie d’aider, est-ce que je peux le faire ?

« Sans nos volontaires, nous ne pourrions pas faire toutes nos actions. En conséquence, nous sommes toujours très heureux lorsque des bénévoles se manifestent. Nous distinguons ainsi en notre sein 4 types de bénévolat :

1. Pôle Administratif : il s'agit de la "forme la plus simple" si je puis dire de volontariat. Ici, vous pouvez très simplement mettre la main à la patte en effectuant un travail administratif pur et dur (mise sous pli, étiquetage et envoi de mailings, etc.).

2. Pôle "Projet" : Dans cette forme de travail volontaire, le bénévole s'engage dans le cadre d'un projet spécifique. Les personnes qui s’inscrivent à ce pôle font l’objet d’une formation interne en fonction du sujet puis se joignent à nous dans les différents projets. (mission non-fumeur, Foodlab, etc.).

3. Pôle "Patient : c’est sous cette forme de bénévolat que le plus grand engagement est demandé. Après une formation adaptée, les bénévoles se portent volontaires pour rendre visite aux patients atteints du cancer une fois par semaine à l'hôpital, les aider ou plus simplement discuter un petit moment avec eux pendant qu'ils attendent leur chimiothérapie. Ce type de bénévolat requiert une intervention hebdomadaire d’une demi-journée par semaine, il faut donc que vous puissiez vous prendre ce temps.

4. Pôle Bénévolat "Relais pour la Vie": Cela comprend toute l'organisation du projet, qui démarre environ six mois avant le jour J. Cet événement requiert beaucoup de travail préparatoire, que ce soit en termes de logistique, d’animations, de réception, d’ateliers et autres. Ici, toute aide est évidemment toujours la bienvenue. Un tel événement ne pourrait être mis sur pied sans l’aide de nos bénévoles. »

Comment vous est venue l'idée du Relais pour la Vie ?

« Le Relais existe depuis 14 ans maintenant. L'idée originelle nous vient des Etats-Unis et plus précisément  de la American Cancer Society. Nous avons pensé que c'était une idée ingénieuse et avons donc  décidé d’emboîter le pas et organiser notre propre relais pour le Luxembourg. A l’heure d’aujourd’hui, le Relais est devenu un mouvement mondial organisé autour d’événements se produisant aux États-Unis, en Europe et dans d'autres pays du monde. »

Comment fonctionne le Relais pour la Vie ?

« La chose la plus importante par rapport à cet événement est certainement la date d'inscription, qui débute environ trois mois avant l'événement. Au total, 375 équipes peuvent s'inscrire et la plupart des places sont déjà réservées quelques minutes après l’ouverture des inscriptions.

Pour chaque équipe, il faut également savoir qu’un capitaine est désigné. D’ailleurs, c’est ce même capitaine qui reçoit progressivement le flux d'informations nouvelles qu’il a la responsabilité de transmettre ensuite à son équipe.

Le jour J, il y a toujours une cérémonie d'ouverture. En plus de quelques discours prononcés habituellement, les patients atteints du cancer, les anciens patients et les "Caregiver" ont également la possibilité de raconter leur histoire personnelle. Par exemple, lors de l’édition de 2018, une mère de quatre enfants nous a raconté son expérience et comment sa vie a basculé du jour au lendemain lorsque son mari a été diagnostiqué. C’est toujours un moment rempli d’émotions où vous entendez parfois des histoires très personnelles.

A la suite de quoi, est toujours amorcé le tour des "Survivor Caregiver", autrement dit le premier tour du Relais. Cette ronde est réalisée par les (anciens) patients malades et les personnes qui s’occupent d’eux. Toute l'arène applaudit et bien évidemment, des larmes coulent.

Et puis, le décompte est lancé. Dans les heures qui suivent, les équipes qui se sont inscrites au Relais font ensuite leur tour à tour de rôle.

La cérémonie des bougies est un autre moment fort et très émotionnel. Pendant le Relais, vous avez la possibilité d’acheter une bougie sur laquelle vous pouvez laisser un message à un patient atteint du cancer. Ces bougies sont ensuite distribuées dans la Coque et allumées à 17h tapante. L'éclairage restant est ensuite complètement mis sur pause, créant une atmosphère très particulière. Vient alors une minute de silence pendant laquelle chacun peut se recueillir seul et penser aux patients atteints du cancer. »

Peut-on aussi venir au Relais pour la Vie si on ne participe pas directement ?

« Bien sûr ! Il y a toujours différents événements organisés autour de l'arène (ateliers, stands d'information, Panneau de Solidarité). Cette année, nous allons construire, en partenariat avec l'Université du Luxembourg, l'Institut de la santé du Luxembourg (LIH) et le Fond national de recherche (FNR), un laboratoire original de recherche sur le cancer. Ainsi, chacun pourra se faire concrètement sa propre idée sur ce à quoi ressemble vraiment la recherche contre la maladie et recevoir directement des explications par les scientifiques sur le processus de fonctionnement de la recherche.

En tous les cas, quelqu'un qui n'y est jamais allé devrait passer y faire un tour, cela vaut vraiment le détour ! Il y règne toujours une atmosphère très spéciale que vous ne trouverez à aucun autre événement. Je peux ainsi dire d’expérience qu’après avoir participé à une première édition, vous ne voudrez plus jamais rater les suivantes par la suite. C'est simplement un événement très spécial qui a pour vocation de donner de l'espoir, même si c'est un sujet triste, bien sûr. »

Avez-vous peut-être une anecdote dont vous vous souvenez et qui vous a particulièrement marqué ?

« Oh, il y en a tellement que c’est difficile pour moi d’en choisir une ! Toutes les histoires vous frappent et vous touchent, d’autant plus si vous pouvez vous identifier avec la personne qui est concernée. En guise d’exemple, je peux peut-être citer l’histoire d’une jeune femme d'environ 20 ans qui, à cause de la maladie, s’est vu annoncer qu’elle ne pourrait jamais satisfaire son désir de devenir maman. Ce que je trouve aussi toujours émouvant, ce sont les „Survivor-Caregiver“, qui lors du Relais se lèvent avec courage et n’ont pas peur de dire à tout le monde «oui, j'ai le cancer, mais je suis ici et je suis de la partie !». Cela montre aux gens que la vie continue malgré la maladie. La personne est bien vivante et la vie continue mais, tout simplement d’une façon différente. Pour moi, il est positif de savoir que, quand je me lève et me rend au travail chaque matin, je sais consciemment que mon travail fait la différence et que je peux vraiment aider les gens. »

Présentation Lucienne Thommes

Lucienne Thommes est médecin généraliste et travaille à la Fondation Cancer depuis 2010. Depuis 2016, elle a repris le poste de Directrice.