Chez Banque Raiffeisen, on n’aime pas rester au milieu du gué. C’est ce qu’il ressort de cette interview de Jacques Hoffmann, récemment hissé à la nouvelle fonction « Responsable ESG » - Environnement, Social, Gouvernance - de la Banque, lequel a pour mission d’institutionnaliser les ambitieux objectifs ESG déjà existants du premier groupe financier coopératif luxembourgeois. Rencontre.
Après le lancement, en 2021, du premier rapport extra-financier pour Banque Raiffeisen, cap sur la création de la fonction de Responsable ESG en septembre 2021. Pourquoi Banque Raiffeisen s’est-t-elle dotée d’une telle fonction ?
Tout d’abord, il faut toujours garder à l’esprit que Banque Raiffeisen est une banque coopérative, qui s’engage donc, depuis 1925, à travailler dans le seul intérêt de ses clients, partenaires et membres, conformément aux valeurs coopératives. Dès lors, les fondements ESG étaient déjà bel et bien existants.
Aussi, nous avons jugé qu’il était primordial de poursuivre sur cette lancée en gagnant en maturité au niveau de la durabilité. Il faut voir cette thématique plutôt comme un marathon qu’un sprint. L’implémentation de l’ESG dans une banque est un exercice incrémental. La création de la fonction de responsable ESG, suite à la signature des UNEP FI PRB en 2019 et à la publication de notre premier rapport extra-financier, début 2021, a été l’étape suivante dans cette direction.
Comment ? En nous dotant d’une stratégie et d’outils destinés à évaluer puis à intégrer le développement durable dans l’ensemble des activités de la Banque. Ainsi, nous nous trouvons aujourd’hui à une étape intermédiaire.
Comment la fonction « Responsable ESG » a-t-elle été pensée ?
Il s’est agi de mettre en œuvre une véritable stratégie ESG transversale qui englobe les métiers, mais également les produits et services de la Banque.
Quant à la fonction en tant que telle, elle a vocation à soutenir le développement de notre banque au niveau des problématiques ESG, de sorte que la durabilité « entre dans les mœurs » de chaque métier et de chaque employé de Raiffeisen.
Concrètement, il convient de rendre les différents départements attentifs aux enjeux ESG et de les assister dans l’implémentation des mesures, de monitorer les résultats et de proposer des pistes d’amélioration, si nécessaire. En ce sens, la fonction de Responsable ESG revêt un rôle participatif et fédérateur.
Vous exercez chez Banque Raiffeisen depuis maintenant plus de trois ans. Comment endossez-vous l’habit de « Monsieur ESG » de l’entité ?
Quelque part, j’étais déjà le « Monsieur ESG » de la Banque, car mes collègues et mes supérieurs me considéraient comme tel, mais c’était de manière officieuse ; c’est désormais officiel. Personnellement, je vois ce poste comme celui d’un change manager.
Les tâches sont conséquentes, car elles dépassent le seul cadre de la Banque pour intégrer l’ensemble des parties prenantes, qu’il convient de sensibiliser sur un nombre considérable de problématiques liées à la durabilité (p.ex. les risques relatifs au réchauffement climatique, à l’économie circulaire, etc. )
Quel a été votre parcours professionnel, jusque-là ?
Après avoir fini mes études en Management à l’ICHEC, à Bruxelles, j’ai intégré la Bourse de Luxembourg où j’ai occupé différentes fonctions qui m’ont permis de me familiariser avec la thématique de la durabilité au sein des marchés des capitaux, entre autres à travers la finance islamique ainsi que la Luxembourg Green Exchange (LGX).
Lorsque j’ai rejoint le département marketing de Banque Raiffeisen il y a plus de trois ans, j’ai été ravi de constater que les missions qui allaient être les miennes s’inscrivaient également dans les thématiques de durabilité.
J’ai coordonné et animé le Comité d’Orientation ESG dès sa création en 2019. Et ce n’est que récemment, en septembre, donc, que j’ai été nommé au poste de Responsable ESG.
Quelles sont les spécificités de la stratégie ESG de Banque Raiffeisen ?
En ligne avec les 7 objectifs de développement durable (ODD) qui ont été retenus dans notre stratégie ESG et que sont (4) éducation de qualité, (5) égalité entre les sexes, (8) travail décent et croissance économique, (9) industrie, innovation et infrastructure, (12) consommation et production responsables, (13) mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et (17) partenariats pour la réalisation des objectifs, nous nous sommes fixés des objectifs durables ambitieux découlant de nos thématiques prioritaires et secondaires qui ont été déterminées ensemble avec nos parties prenantes. Ces objectifs sont d’ailleurs pleinement en ligne avec le business model de la Banque.
Nous cherchons en permanence à être une banque innovante en proposant à nos clients une gamme complète de produits durables.
Je pourrais, à ce titre, citer les cartes de crédit Visa durables lancées début 2021, grâce auxquelles nous nous engageons à lutter ensemble avec nos clients contre le changement climatique. Dans la pratique, nous finançons la plantation d’arbres au Luxembourg et au Bangladesh, puisque toutes les 200 transactions effectuées par les détenteurs de ces cartes, un arbre voit le jour.
Soulignons également le « prêt personnel R-ECO », destiné à financer les projets personnels écologiques, comme le financement d’une voiture neuve écologique ou la rénovation énergétique de son habitation.
De plus, au cours de l’année 2020, nous avons complété son offre en ce qui concerne les placements ESG. Ainsi, Banque Raiffeisen offre à ces clients des solutions qui s’inscrivent dans une approche ESG afin de leur donner la possibilité d’investir dans des produits et services durables qui soutiennent la réalisation des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies.
Quels sont les prochains défis, en termes de durabilité, au sein du secteur financier, et comment sont-ils implémentés au sein de Banque Raiffeisen ?
Malgré la très forte réglementation déjà existante dans le domaine bancaire, force est de constater que la réglementation européenne en matière de développement durable n’a pas vocation à diminuer. Cela signifie pour une banque de notre taille des efforts massifs d’adaptation et, plus important encore, d’anticipation.
À contrario, j’aimerais souligner que nous avons aussi les avantages d’être une structure à taille humaine, à savoir l’agilité, de même que la proximité avec le Comité de Direction, qui nous permet d’avancer rapidement. À ce titre, la signature des UNEP FI Principles for Responsible Banking, en 2019, par exemple, nous a permis d’être proactifs dans de multiples domaines comme le reporting.
J’estime que nous n’avons pas à rougir face à d’autres acteurs de la Place, et que le rapport extra-financier que nous avons établi cette année, pour la première fois, ne manque pas d’ambition. Ce rapport a été un travail d’équipe organisé autour des membres du Comité d’Orientation ESG, de concert avec un consultant externe, expert dans la matière. Répondant aux plus hauts standards en matière de reporting ESG, notamment ISO 26000 et GRI, il constitue ainsi le parfait exemple de travail transversal que j’évoquais. En effet, tous les sujets, faits et chiffres liés à la durabilité ont été répertoriés, abordés, analysés et retranscrits fidèlement dans ce rapport, ce qui représente un véritable exercice de transparence.
C’est dans cette direction que nous devons poursuivre nos efforts en faisant figure de modèle de proactivité et non de réactivité. Donc des défis et opportunités, il y en aura encore beaucoup, mais nous saurons respectivement les relever et les saisir avec détermination, sérieux et sérénité.